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Pénurie de matières premières : comment la gérer ?

EXPERTS ET DÉCIDEURS

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Retards, hausse des prix, les tensions sur de nombreux marchés de matériaux impliquent des adaptations pour les entreprises. Comment réagir face à la pénurie de matières premières ?

Bois, plastiques, métaux, emballages, composants électroniques, depuis plusieurs mois, les tensions se multiplient sur les marchés des matières premières plaçant de nombreuses entreprises dans une situation compliquée. « La difficulté ne réside pas tellement dans l’impossibilité d’obtenir ces matériaux. Ce que l’on observe ce sont surtout des délais de livraison qui s’allongent et une pression sur les prix avec des augmentations significatives qui se répercutent en cascade sur les entreprises », constate Romain Hocevar, expert-comptable chez Audit Gestion Conseil, membre du groupement France Défi.

Outre les problèmes d’organisation liés à ces difficultés d’approvisionnement et la menace que la hausse des prix fait peser sur leurs marges, les entreprises touchées peuvent aussi se voir pénaliser lorsque cette pénurie les empêche de remplir leurs contrats dans les délais initialement prévus.

Pénurie de matières première : revoir ses devis

Des adaptations sont donc nécessaires. « Il faut être très vigilant sur ses devis et ses engagements de prix, surtout si les fournisseurs n’ont pas encore communiqué leur offre tarifaire», souligne Romain Hocevar. Il peut être utile d’y intégrer une clause de révision de prix. « Dans le bâtiment, cela se fait de plus en plus, même chez les petits artisans. Cela permet de faire varier le prix en fonction de l’évolution du marché », explique l’expert.

Faire preuve de transparence

Ces solutions peuvent sembler délicates à mettre en œuvre vis-à-vis de sa clientèle. La période impose sans doute des efforts d’explication. « Il faut trouver comment préserver ses relations commerciales. Je pense qu’il faut être très transparent, expliquer pourquoi on est tributaire de certains approvisionnements, mettre des réserves sur ses délais de livraison », conseille Romain Hocevar.

Il importe également que les entreprises tiennent compte de ce contexte pour anticiper davantage certains projets notamment immobiliers, pour lesquels les chantiers sont susceptibles de prendre du retard. « On sent bien qu’il vaut mieux bloquer une date dès que possible. En revanche, je ne pense pas que le contexte de pénurie ait forcément un impact final très important sur le budget global, qui reste très lié au coût de main d’œuvre dans le bâtiment », rassure l’expert-comptable.

Anticiper les retards dus à la pénurie de matières premières

Les éventuelles difficultés d’approvisionnement doivent aussi être anticipées par les entreprises qui reprennent une activité après une période de restriction du fait de la crise sanitaire. « Dans la restauration, la réouverture va sans doute se faire en dents de scie avec beaucoup d’incertitude sur la météo, l’évolution des jauge, les heures de couvre-feu notamment. Même si les alertes ne semblent pour le moment pas concerner les denrées périssables, mieux vaut ne pas en stocker de grandes quantités », illustre Romain Hocevar.

À plus long terme, cette période de tensions devrait inciter les entreprises à interroger l’organisation de leurs approvisionnements. Quand cela est possible, référencer plusieurs fournisseurs plutôt qu’un seul est un gage d’adaptabilité. Revoir ses process afin d’engager une démarche d’économies de matières peut aussi être une piste, comme la recherche d’alternatives avec des matériaux recyclés par exemple. « Dans certains secteurs, travailler avec des produits locaux, qui est souvent une question de philosophie ou de positionnement marketing, permet aussi de mieux maîtriser ses approvisionnements et de continuer à avoir des matériaux malgré les tensions, je l’ai constaté récemment sur le bois par exemple », ajoute l’expert-comptable.