Accueil Sciences & tech Écologie L’eau précieuse

L’eau précieuse

… et funeste

L'actuariel 34

Data Écologie Environnement Matières premières

D’ici à 2050, la population mondiale, sans cesse croissante, aura besoin de 20 à 30 % d’eau supplémentaire. Pourtant, le niveau de prélèvement actuel, de l’ordre de 4 600 km3 annuels, est déjà proche du niveau maximum durable…

L’eau précieuse…

Ressources en eaux renouvelables

9 « GÉANTS DE L’EAU » se partagent près de 60 % DES RESSOURCES naturelles renouvelables d’eau douce.
               LE BRÉSIL, LA RUSSIE, L’INDONÉSIE, LA CHINE, LE CANADA, LES ÉTATS-UNIS, LA COLOMBIE, LE PÉROU ET L’INDE.

La répartition des usages de l’eau

L’essentiel des prélèvements d’eau sont destinés à l’agriculture, à hauteur de 70 %. Les 30 % restants se répartissent entre l’industrie (20 %) et les besoins domestiques (10 %), même si les réalités régionales affichent une grande diversité.

 

4 657 litres par jour !

Le besoin minimum par personne est estimé par l’ONU de 1700 m³ par an, soit 4 657 litres par jour. 

Ce chiffre considérable englobe l’eau virtuelle, c’est-à-dire la quantité d’eau utilisée depuis l’extraction des matières premières jusqu’aux étapes de fin de vie de l’ensemble des biens de consommation… Toutes les étapes de la chaîne de valeur sont donc prises en considération.

70% du volume d’eau et 10 % des terres émergées 

Le secteur agricole a du mal à faire face à ses besoins en eau et en terres arables. Le défrichement actuel, d’environ 4,5 millions d’hectares par an, peine à couvrir les pertes causées par l’urbanisation, l’érosion, la salinisation et l’épuisement des sols.

L’eau funeste…

Vitale, l’eau est aussi, paradoxalement, le principal vecteur de diffusion des pollutions, de dissémination des maladies et de dégradation physique des sols…

Trop d’irrigation conduit à la salinisation des sols, qui réduit la productivité agricole de 15 à 70 %, et la surface des terres cultivables de 1 à 2 % par an. D’après la FAO, 20 % des terres irriguées auraient ainsi des problèmes de salinité.

Les composants des produits pharmaceutiques ne se dégradent pas et restent actifs dans la nature. À ce jour, ils ne sont pas éliminés par les procédés conventionnels de traitement de l’eau et aucun d’eux ne figure dans la liste des polluants prioritaires à analyser dans l’eau potable.

La surdose d’entrants, azote, nitrates et phosphates, favorise le développement des algues vertes, la destruction de l’oxygène dans l’eau (hypoxie), la sédimentation des cours d’eau et la création de nombreuses zones mortes. En Europe, la norme pour les nitrates est dépassée dans l’eau potable en de nombreux endroits.

L’absence de traitement des eaux multiplie les risques sanitaires.
Les maladies transmises par l’eau tuent 5 millions de personnes par an (dont la moitié sont des enfants),
2 milliards de personnes utilisent des points d’eau contaminés par des matières fécales,
892 millions de personnes pratiquent la défécation en plein air et produisent
près de 375 000 tonnes de matières fécales qui sont déposées chaque jour dans la nature.

L’érosion emporte les couches supérieures des sols arables, ce qui réduit les surfaces cultivables de 70 000 à 140 000 km² par an. Elle charrie aussi 23 à 42 millions de tonnes d’azote et 15 à 26 millions de tonnes de phosphore, responsables de l’eutrophisation (processus par lequel les nutriments s’accumulent dans un milieu, déséquilibrant l’écosystème).

Les pesticides polluent l’eau potable. En 2014, des taux de pesticides dépassant la norme ont été retrouvés dans 53 % des cours d’eau et 31 % des eaux souterraines françaises. Leur rémanence dans l’environnement peut varier de quelques heures ou jours à plusieurs années.

La présence de microplastiques a été établie dans 80 % des sources naturelles, 81 % des eaux du robinet et 93 % des eaux en bouteille.

Inondations. Au cours de la période 1995-2015, les inondations ont constitué 47 % des catastrophes naturelles. Elles ont  touché 2,3 milliards de personnes, entraîné la mort de 157 000 d’entre elles et provoqué des dommages estimés à 662 Mds $.

Sécheresses. Les sécheresses représentent 5 % des catastrophes naturelles. Elles ont touché 1,1 milliard de personnes, causé la mort de 22 millions de personnes et provoqué des dommages estimés à 100 Mds $ sur la même période.

 

La situation hydrique en 2050

 

En savoir +

Conception & Réalisation : Jacques Farine – cartographie « La situation hydrique en 2050 » : Aurélie Boissière, Géographe-cartographe www.boiteacartes.fr.

Sources : D. Blanchon, Atlas mondial de l’eau, Éditions Autrement, 2017 – BRGM, www.brgm.fr – FAO, stat. www.fao.org, 2017 – World Resources Institute, Vystavna et al., 2017 – Ghislain de Marsily et Mustapha Besbes in Responsabilité & environnement, 2017 – Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2017, « Les eaux usées, une ressource inexploitée » – Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2018, « Les solutions fondées sur la nature pour la gestion de l’eau » – Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2016, « L’eau et l’emploi » – Programme mondial des Nations Unies pour l’évaluation des ressources en eau 2015, « Indicateurs sexospécifiques pour l’évaluation, le suivi et la production de rapports sur les ressources en eau » – Programme mondial des Nations Unies pour l’évaluation des ressources en eau 2019, « Ne laisser personne pour compte » – Pesticide Action Network, www.panna.org – Safe Drinking Water Foundation, www.safewater.org – Water Foot Print, www.waterfootprint.org – Inserm, Expertise collective, « Pesticide, effets sur la santé », 2013 – Rapport de la Banque mondiale 2019, « L’invisible crise de l’eau ».