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PIERRE DE VILLENEUVE

PDG DE BNP PARIBAS CARDIF

L'actuariel Janvier 2014

Assurance Économie Finance

PDG de BNP Paribas Cardif

2013 : Président-directeur général de BNP Paribas Cardi

2004-2013 : Administrateur directeur général délégué, membre du Comité Exécutif de BNP Paribas Cardif

1997-2004 : Directeur général (1997-2002) puis Directeur général délégué (2002-2004) de Cardif SA

1996-2013 : Président du Comité Technique puis du Comité Vie des Assurances de personnes de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA)

1992-2005 : Directeur général (1992-2005) puis directeur général délégué (2005) de Cardif Assurance Vie et Directeur général de Cardif Assurances Risques Divers (2005)

1973 : Pierre de Villeneuve participe au développement de Cardif lors de sa création et prend en charge tour à tour les grandes fonctions du métier.

1972 : Diplôme de l’Institut de Science Financière et d’Assurances (ISFA) de Lyon

1948 : Naissance à Chambéry

Quelles sont, selon vous, les problématiques de fonds que rencontre actuellement le secteur de l’assurance ?

Pierre de Villeneuve : Elles sont de deux ordres et concernent tout d’abord le cadre prudentiel : avec la volatilité des marchés, il est important de se préoccuper des équilibres à moyen et long terme. Le deuxième point porte sur la défense du consommateur. Il y a aujourd’hui beaucoup d’intervenants sur le sujet. Si leurs finalités sont louables, on ne mesure pas toujours les impacts concrets. Trop d’instances sur un même sujet peut engendrer un risque de cacophonie, de mauvaises compréhensions et des précautions trop coûteuses par rapport aux enjeux. Prenons par exemple les produits d’épargne. Les pouvoirs publics souhaitent développer les informations à destination des clients. Il s’agit d’un principe positif mais il faut que les compagnies d’assurances se sentent suffisamment libres pour adopter la meilleure gestion actif-passif dans l’intérêt de la mutualité. Obliger à  fixer  les objectifs financiers de la gestion d’actifs qui est mise en face des engagements des assureurs est inopportun et peut coûter cher.

Mais n’y a-t-il pas des risques de dérapages ?  Et quid de ces engagements dans le cadre de Solvabilité II ?

Pierre de Villeneuve : Je fais la distinction entre la protection et l’information donnée aux clients. S’il y a une certaine liberté pour permettre aux compagnies d’assurances de s’adapter compte tenu de la durée de leurs engagements, il faut bien entendu un cadre prudentiel sérieux afin que la confiance des souscripteurs vis-à-vis des compagnies d’assurance ne soit pas mise en défaut. Solvabilité II est une réforme qui, sur le principe, apporte de réels progrès tant sur les réflexions proposées à l’ensemble des opérateurs qu’au niveau du suivi des engagements. Mais il ne suffit pas de dire que la finalité est bonne pour affirmer que l’ensemble de la réforme est adaptée. Le pilier 1, quantitatif, est un peu trop sophistiqué, à mon sens. Je souhaite une gouvernance permettant d’adapter assez facilement ce qui peut sembler inadéquat. La crise financière a montré que les conditions qui avaient été arrêtées à l’époque étaient trop volatiles et se retournaient contre l’assurance. Le deuxième pilier, qui concerne la gouvernance, est excellent sur les principes. Mais les modalités ne doivent pas être en contradiction avec les droits du travail de chaque pays.  Un groupe international comme le nôtre, présent dans 37 pays, a besoin d’une cohérence d’ensemble. Nous retenons les grands principes de Solvabilité II pour nos engagements dans toutes nos implantations. Néanmoins, chaque marché présente ses spécificités et il n’est pas possible de gérer de la même manière en Asie, en Europe ou en Amérique Latine. En ce qui concerne le pilier 3  sur le reporting, il est louable de demander de l’information mais il ne faut pas que cela soit trop lourd et contraire au type d’information à donner. Selon moi, le plus important est le passif. Donner une information complète actif-passif aux autorités prudentielles n’est pas un problème mais donner trop d’information sur l’actif seul aux assurés pourrait engendrer une mauvaise compréhension de leur part.

Les évolutions de Solvabilité II qui ont été annoncées vont-elles dans le sens que vous préconisez ?

Pierre de Villeneuve : Oui, sans le moindre doute. Les dernières avancées permettant d’atténuer la volatilité des marchés sont une très bonne chose. Il est important que nous puissions continuer à faire notre travail de mutualisation dans le temps. Conserver cette mutualité me semble fondamental car parfois les aspects réglementaires oublient que notre métier consiste à gérer dans le temps. Pour cela, nous devons disposer des moyens de le faire.

Comment jugez-vous l’avenir du modèle de bancassurance ?

Pierre de Villeneuve : Il correspond à un modèle économique qui a fait ses preuves et qui permet de proposer à une large population des produits à des coûts relativement faibles. Par ailleurs, il contribue au développement de l’assurance au profit des autres modes de distribution. Il ne faut pas les opposer  : chaque modèle  a sa propre valeur ajoutée. Une distribution des produits d’assurance par les banques profite aux courtiers, aux agents généraux, à la vente directe et permet de mieux faire connaître les produits.

Quelle est votre position sur l’assurance vie ?

Pierre de Villeneuve : Le vieillissement de la population au niveau mondial s’accompagne d’enjeux inter-générationnels. Par conséquent, le besoin de mettre de l’épargne longue de côté pour faire face est une évidence. En France, l’encours de l’assurance vie ne représente que 14% du patrimoine des ménages français. Le chiffre peut paraître élevé pour les pays qui disposent de fonds de pension mais c’est trop peu pour la France. Par ailleurs, l’épargne financière est trop faible par rapport aux besoins de l’économie pour financer les dettes publiques et la croissance des entreprises. S’il y a réinternalisation des ressources en France, elle se joue surtout au niveau du court terme, ce qui est normal, c’est le métier de la banque. En revanche, elle ne doit pas nuire à l’assurance vie car l’épargne longue manque.

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